Le Canada a-t-il un problème d’innovation?
Même si le Grand Nord blanc peut se vanter d’avoir certaines des meilleures universités au monde et se classe deuxième à l’échelle mondiale pour les résultats PISA, ce savoir-faire ne se rend pas jusqu’au secteur privé — sauf dans le milieu des startups, qui figure régulièrement parmi les plus dynamiques au monde.
Cette position est certes discutable, mais c’est celle adoptée par les architectes de la Corporation canadienne d’innovation (CIC).
Il s’agit de la nouvelle société d’État très attendue, qui finira par absorber le Programme d’aide à la recherche industrielle (PARI) du Conseil national de recherches (CNRC). Comme nous l’avons récemment abordé, ce programme s’inspire de plusieurs gouvernements à travers le monde qui utilisent des fonds fédéraux pour accélérer l’innovation dans leur économie locale.
Selon les responsables des plus récents plans de la CIC — dont Dan Breznitz, codirecteur de l’Innovation Policy Lab de l’Université de Toronto et l’un des principaux architectes de la CIC — il existe actuellement peu d’incitatifs pour que les entreprises privées canadiennes misent sur l’innovation sur le marché actuel.
Dans une entrevue récente avec Betakit, Breznitz explique que, même si le gouvernement canadien a été généreux dans le financement de l’éducation au cours des trente dernières années, les investissements dans le secteur privé pour commercialiser des idées canadiennes (lire : concrétiser l’innovation) ont été freinés depuis la mise en place de l’ALENA au milieu des années 90 — sauf dans le monde des startups.
Bien sûr, on peut débattre de la « sympathie » du gouvernement canadien envers l’innovation comparativement à d’autres pays, mais les données appuient le point de Breznitz.
Selon le Global Innovation Index, le Canada occupe actuellement le 15e rang mondial, loin derrière les États-Unis (#2) et le Royaume-Uni (#4). Même si le Canada arrive premier pour le nombre de coentreprises et d’alliances stratégiques par milliard de PIB, ces chiffres montrent surtout que les investissements dans les innovations canadiennes proviennent majoritairement de l’étranger. Résultat : les retombées de ces innovations (salaires, revenus imposables) quittent aussi le pays.
La logique derrière le transfert du PARI à la CIC
En transférant le PARI à une nouvelle société d’État, le gouvernement canadien vise plusieurs objectifs à la fois.
D’abord, en regroupant des programmes comme le PARI sous la CIC, le gouvernement souhaite simplifier le parcours des entreprises privées qui cherchent du financement public. Actuellement, il existe 180 programmes à parcourir. L’objectif est de rationaliser l’offre, d’élargir la portée de certains programmes, d’en éliminer d’autres et de bâtir un processus d’approbation et d’évaluation capable de suivre le rythme des affaires.
La rapidité est ici l’élément clé, selon Breznitz et d’autres experts. Trop souvent, les entreprises innovantes n’arrivent pas seulement à se qualifier, mais aussi à recevoir le financement gouvernemental au moment où elles en ont le plus besoin. C’est l’un des plus grands irritants pour les entrepreneurs canadiens (on vous explique plus loin comment Boast peut vous aider…). En repartant à zéro avec la CIC, la rapidité pourra être intégrée dès la base, alors que les piliers de la nouvelle agence prennent forme.
Le défi — et la source de frustration pour bien des fondateurs — demeure l’incertitude sur la forme que prendra cette nouvelle structure.
Comment le gouvernement peut-il suivre le rythme des affaires?
Quiconque a déjà travaillé à la fois dans le secteur public et privé sait que rien ne bouge vite au gouvernement. Et changer près de trente ans de mauvaises habitudes à Ottawa ne se fait pas en douze semaines, comme on finalise une feuille de route produit pour des investisseurs.
Lorsque l’idée d’une nouvelle société d’État axée sur l’innovation a été lancée en 2021, plusieurs acteurs du secteur privé canadien s’attendaient à un modèle inspiré de la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) aux États-Unis. D’ailleurs, « CARPA » est devenu un slogan pour les partisans d’une nouvelle agence d’innovation. Avec les États-Unis au premier rang mondial pour l’innovation, difficile de trouver meilleur exemple à suivre.
Mais là où la DARPA a réussi, ce n’est pas tant dans la rapidité d’innovation. Prenez la recherche sur l’ARNm menée avant les vaccins contre la COVID-19 de Pfizer et Moderna : même si la DARPA a soutenu plusieurs études sur les vaccins à ARNm, ces investissements se sont étalés sur des décennies.
Au fond, la recherche sur l’ARNm s’est faite sous la bannière de la « Défense », ce qui motive le gouvernement américain à investir massivement via la DARPA : préserver l’avantage concurrentiel du pays sur le champ de bataille.
Le problème canadien est tout autre dans la perspective de la CIC. Ici, il ne s’agit pas de défense militaire, mais plutôt d’un manque d’incitatifs pour que les entreprises canadiennes transforment leurs idées en produits rentables et exportables.
Garder les idées — et la prospérité — au Canada
L’objectif de la CIC n’est pas de protéger le reste du monde contre les bonnes idées canadiennes. Au contraire, la création de produits exportables est au cœur de la démarche. Le vrai but, c’est de s’assurer qu’une fois ces idées concrétisées et commercialisées, la prospérité qui en découle profite encore aux Canadiens.
Comment ces incitatifs seront-ils mis en place? Ce n’est pas encore arrêté — et c’est justement le but. Créer une organisation qui ne dépend pas des anciens systèmes et qui peut vraiment expérimenter, c’est essentiel. Mais cela signifie aussi beaucoup d’incertitude (y compris sur la direction de la CIC) à l’approche de la date de lancement de fin d’année que le gouvernement s’est fixée en février dernier.
La CIC et le PARI pourraient comporter des pénalités
Breznitz a révélé en entrevue que l’introduction de pénalités est envisagée, même si ce n’était pas mentionné dans le communiqué de février sur la CIC et l’intégration du PARI. Comme pour le reste, les détails restent à définir, mais il explique que dans presque tous les pays ayant mis en place un programme d’innovation similaire, des pénalités existent pour les entreprises qui déplacent ensuite leurs activités — et leurs revenus imposables — à l’étranger.
Il est trop tôt pour prédire la forme exacte de ces pénalités, mais Breznitz insiste : elles devront encourager les entreprises à miser sur le long terme avec le PARI. Autrement dit, il faudra décourager les fondateurs qui veulent encaisser rapidement après avoir profité du financement public, ou ceux qui visent dès le départ des investissements étrangers pour une sortie rapide.
On en saura plus dans les prochaines semaines et les prochains mois, à mesure que la structure de la CIC et l’avenir du PARI se préciseront.
En attendant…
D’ici là, les entreprises innovantes qui investissent déjà en R-D et contribuent à la prospérité du Canada peuvent profiter des crédits d’impôt disponibles — voire de subventions — grâce à QuickFund de Boast.
Avec QuickFund, les fondateurs peuvent estimer la valeur de leur crédit d’impôt RS&DE de fin d’année tout au long de l’année, et accéder rapidement à la majeure partie de ce capital, au moment où ils en ont besoin. C’est une solution de financement non dilutive qui peut prolonger leur marge de manœuvre financière en période difficile, ou leur permettre d’accélérer l’innovation et de réinvestir dans la R-D essentielle.
Boast AI adopte une approche “gants blancs” (hautement personnalisée) auprès des fondateurs innovants pour s’assurer qu’ils profitent de tous les crédits et financements fédéraux auxquels ils ont droit, sans épuiser leurs ressources.
Pour en savoir plus sur ce que le plan de la CIC implique pour les entreprises canadiennes et comment les équipes peuvent commencer à maximiser leurs retours, visionnez notre discussion #InnovatorsLive avec Matt Funk, VP, Expérience client.