Depuis l’adoption de deux lois majeures sur les dépenses publiques aux États-Unis l’an dernier, les investissements dans la fabrication locale connaissent un essor fulgurant. Depuis août 2022, les entreprises ont injecté plus de 200 milliards de dollars dans des projets manufacturiers.
D’après les données recueillies par le Financial Times (FT), ces investissements — qui ciblent surtout la technologie propre et la production de semi-conducteurs — sont presque deux fois plus élevés que ceux de toute l’année 2021, et environ 20 fois supérieurs au rythme observé en 2019.
Ce dynamisme est attribuable à une série de crédits d’impôt à l’innovation et de subventions, mis en place dans le cadre de l’Inflation Reduction Act (IRA) et du Chips and Science Act (CHIPS). Ensemble, ces mesures injectent près de 400 milliards de dollars dans la chaîne d’approvisionnement américaine en technologies propres.
L’IRA prévoit à elle seule 369 milliards de dollars en crédits d’impôt pour les technologies propres. De son côté, la loi CHIPS réserve environ 24 milliards de dollars en crédits d’impôt à la fabrication, ainsi qu’un montant additionnel de 39 milliards pour stimuler la production de semi-conducteurs. Déjà, des projets voient le jour en Arizona, à New York, en Ohio et au Texas grâce au financement CHIPS. Depuis août 2022, le FT a recensé plus de 75 projets manufacturiers d’au moins 100 millions de dollars chacun, axés sur les semi-conducteurs, les véhicules électriques et les composantes renouvelables.
On estime que ces nouveaux projets pourraient à eux seuls créer plus de 82 000 emplois dans le secteur en pleine croissance de la technologie propre aux États-Unis — et ce n’est qu’un début, puisque d’autres précisions sur les crédits d’impôt et leur accès pour les entreprises sont à venir.
Dans un tweet récent (accompagné d’une vidéo tournée en usine), la secrétaire américaine à l’Énergie, Jennifer Granholm, a souligné que cette vague d’investissements dépasse largement le secteur de la technologie propre :
Investir en Amérique fait de nous une puissance en énergie propre et en fabrication, ce qui nous permet de déployer des ressources énergétiques propres partout au pays 🇺🇸 — surtout là où le besoin est le plus criant.
Les investissements en énergie propre en Amérique du Nord
Même si l’IRA et la loi CHIPS exigent que toutes les activités manufacturières se déroulent aux États-Unis — et qu’elles respectent certaines normes de bonnes pratiques d’affaires, notamment en matière de services de garde, de partage des profits et de rachats d’actions —, on observe un élan similaire pour le développement des technologies propres au Canada.
Dans le budget fédéral canadien 2023, la ministre des Finances Chrystia Freeland a annoncé plus de 83 milliards de dollars en crédits d’impôt pour l’énergie propre et la technologie. Cela inclut un crédit d’impôt remboursable de 15 % pour les investissements en électricité propre (totalisant 6,3 milliards sur 4 ans) et un crédit d’impôt remboursable de 30 % pour la fabrication de technologies propres (4,5 milliards sur 5 ans).
Même si ces mesures sont perçues comme une réponse directe à l’IRA et à la loi CHIPS, le budget 2023 de Freeland s’appuie sur sa mise à jour économique de l’automne, où elle s’était engagée à accroître les investissements dans les énergies renouvelables, la capture du carbone, le stockage d’énergie et les véhicules électriques.
Le Canada est particulièrement bien placé pour jouer un rôle clé dans la chaîne d’approvisionnement mondiale en énergie renouvelable, notamment grâce à ses importantes réserves de lithium. Ainsi, le budget 2023 prévoit aussi un crédit d’impôt de 30 % pour l’extraction et le développement de ces minéraux stratégiques.
Les concurrents mondiaux surveillent la situation de près
Alors que l’IRA et la loi CHIPS ont déjà donné un sérieux coup de pouce à l’industrie américaine — et inspiré de nouveaux investissements au Canada —, d’autres pays voient d’un mauvais œil les incitatifs américains pour rapatrier la fabrication.
Des dirigeants en France et en Corée du Sud ont qualifié ces lois de « protectionnistes », et le président français Emmanuel Macron a affirmé que l’IRA risque de « fragmenter l’Occident ».
Cela dit, les investissements dans la fabrication américaine ne proviennent pas uniquement d’entreprises locales : environ le tiers des investissements recensés par le FT viennent d’entreprises asiatiques.
Le paysage des subventions et crédits d’impôt fédéraux évolue rapidement pour les entreprises innovantes, tous secteurs confondus.
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